Face à une perte d’activité, la question de savoir si nous percevrons une meilleure indemnisation en étant au chômage ou en arrêt maladie se pose fréquemment. Ce choix, loin d’être purement médical, engage aussi des conséquences financières directes sur notre quotidien. Comprendre les différences entre ces deux dispositifs, leurs conditions d’accès, leurs modes de calcul et leurs limites, permet d’anticiper sereinement une période d’inactivité. Nous allons explorer en détail les règles en vigueur en 2025, afin de vous permettre d’évaluer objectivement vos droits et de prendre les décisions les plus avantageuses selon votre situation.
En bref
Les indemnités versées en cas de chômage ou d’arrêt maladie reposent sur des critères distincts : le chômage est indemnisé par France Travail (ex-Pôle emploi) via l’Allocation d’aide au Retour à l’Emploi (ARE), tandis que l’arrêt maladie relève de la Sécurité sociale avec les Indemnités Journalières de Sécurité Sociale (IJSS). Les montants perçus varient selon le salaire de référence, la durée d’indemnisation et les plafonds réglementaires. Depuis avril 2025, le plafond des IJSS a été abaissé, ce qui modifie l’équilibre entre les deux régimes. Il n’est jamais possible de cumuler les deux indemnités : en cas d’arrêt maladie, le versement du chômage est suspendu et remplacé par l’indemnité maladie. Le choix entre les deux dépend donc de la situation personnelle, du niveau de salaire antérieur, et des règles spécifiques applicables à chaque dispositif.
Comprendre les principes des indemnités chômage et arrêt maladie
L’indemnisation du chômage s’adresse à toute personne ayant perdu involontairement son emploi, inscrite comme demandeur d’emploi et remplissant les conditions d’affiliation requises. Depuis avril 2025, il faut avoir travaillé au moins 6 mois sur les 24 derniers mois (ou 36 mois pour les plus de 55 ans) pour ouvrir droit à l’ARE. Les travailleurs saisonniers sont soumis à une condition spécifique de 5 mois de travail sur la période de référence. France Travail (anciennement Pôle emploi) est chargé du versement de ces allocations, qui constituent un revenu de remplacement soumis à l’impôt sur le revenu.
L’arrêt maladie, quant à lui, concerne tout salarié ou demandeur d’emploi temporairement inapte à travailler pour raison médicale, sur prescription du médecin. L’indemnité journalière maladie est versée par la Sécurité sociale, sous réserve de justifier d’une activité salariée récente : avoir travaillé au moins 150 heures au cours des 3 derniers mois, ou avoir cotisé sur un salaire équivalent à 1 015 fois le SMIC horaire. Les droits à indemnisation sont ouverts dès le 4e jour d’arrêt, après un délai de carence de 3 jours.
Comment sont calculées les indemnités ?
Le calcul des allocations chômage (ARE) s’appuie sur le salaire journalier de référence (SJR), déterminé à partir des salaires perçus lors des 24 derniers mois. L’ARE journalière correspond à 40,4 % du SJR + 12,95 € (montant 2025), sans pouvoir être inférieure à 30,42 € par jour. Le montant mensuel est désormais mensualisé sur une base de 30 jours, peu importe la durée du mois civil.
Les indemnités journalières maladie (IJSS) sont égales à 50 % du salaire journalier de base, calculé sur la moyenne des salaires bruts des 3 derniers mois précédant l’arrêt. Depuis avril 2025, le plafond pris en compte a été abaissé à 1,4 fois le SMIC, soit un salaire mensuel maximal de 2 522,52 €. L’indemnité journalière maximale atteint donc 41,47 € brut. Pour les salaires supérieurs à ce plafond, l’indemnité ne progresse plus.
Nous vous proposons ci-dessous un tableau comparatif synthétique des formules de calcul :
Indemnité | Base de calcul | Taux | Plafond (2025) | Montant maximal/jour |
---|---|---|---|---|
Chômage (ARE) | Salaire journalier de référence (24 mois) | 40,4 % du SJR + 12,95 € | Pas de plafond strict, mais plancher à 30,42 € | Variable selon SJR |
Arrêt maladie (IJSS) | Moyenne des 3 derniers mois | 50 % du salaire journalier | 1,4 x SMIC (2 522,52 €) | 41,47 € brut |
Montants perçus : qui gagne le plus ?
Pour comparer objectivement les montants, il convient de se placer à profil équivalent, en tenant compte du salaire de référence, de la durée d’indemnisation et des plafonds. L’allocation chômage offre généralement un taux de remplacement supérieur à l’indemnité maladie, surtout pour les salaires dépassant le plafond de l’arrêt maladie. En revanche, pour les bas salaires ou pour des situations particulières (temps partiel, contrats courts), la différence peut s’estomper.
Voici une liste des cas où l’une ou l’autre indemnité s’avère plus avantageuse :
- Pour un salaire mensuel supérieur à 2 522,52 €, l’ARE est presque toujours plus élevée que l’IJSS, car cette dernière est plafonnée.
- Pour un salaire proche du SMIC, la différence entre ARE et IJSS est moins marquée, mais l’ARE reste souvent plus favorable grâce à son plancher.
- Pour les salariés à temps partiel, le calcul au prorata peut rendre l’indemnité maladie moins intéressante que l’ARE.
- Si l’employeur complète l’indemnité maladie (selon la convention collective), le montant total peut parfois s’approcher ou dépasser celui de l’ARE.
Dans la majorité des cas, le chômage procure une meilleure indemnisation, mais chaque situation doit être étudiée individuellement.
Durée et conditions de versement des indemnités
La durée d’indemnisation du chômage dépend de la période d’affiliation : elle est égale au nombre de jours travaillés sur la période de référence, dans la limite de 18 à 27 mois selon l’âge et le statut. Le versement de l’ARE intervient chaque mois, à terme échu, sur la base de 30 jours fixes. En cas de maladie, le versement de l’ARE est suspendu, et les droits sont reportés d’autant de jours d’arrêt.
Pour l’arrêt maladie, la Sécurité sociale verse les IJSS dès le 4e jour d’arrêt, après le délai de carence de 3 jours. La durée maximale d’indemnisation est de 6 mois renouvelables, sous conditions, et jusqu’à 3 ans en cas d’Affection de Longue Durée (ALD). Lors d’une reprise d’activité, les droits chômage ou maladie sont réajustés, et il convient de signaler tout changement de situation à France Travail et à la CPAM.
Cas particuliers et exceptions à connaître
Certaines situations requièrent une attention particulière. Les arrêts maladie de longue durée (ALD) permettent une indemnisation jusqu’à 3 ans, sous réserve de justifier d’une pathologie reconnue. Les conventions collectives peuvent prévoir des compléments de salaire en cas d’arrêt maladie, améliorant ainsi le niveau d’indemnisation total. Toutefois, ces compléments sont très variables selon les secteurs et les entreprises.
Le cumul des indemnités chômage et maladie est strictement interdit : dès le début de l’arrêt, le versement de l’ARE cesse, remplacé par l’IJSS. Pour les seniors ou les salariés à temps partiel, des règles spécifiques s’appliquent, notamment pour la durée d’indemnisation et le calcul du montant. Enfin, l’impact sur la retraite doit être anticipé : les périodes indemnisées au titre du chômage ou de la maladie ouvrent des droits à la retraite, mais parfois de façon incomplète selon la durée et le montant perçu.
Points de vigilance et conseils pratiques
Pour optimiser vos droits, il convient de bien déclarer chaque changement de situation auprès de France Travail et de la Sécurité sociale. Toute erreur ou omission peut entraîner la suspension des droits, voire des indus à rembourser. Le cumul des indemnités étant interdit, il faut veiller à transmettre rapidement les justificatifs d’arrêt maladie et à respecter les délais de déclaration.
Nous recommandons de consulter votre convention collective pour connaître les éventuels compléments de salaire en cas d’arrêt maladie, et de solliciter un accompagnement auprès d’un conseiller France Travail ou d’un service social en cas de doute. Anticiper les démarches et bien comprendre les règles applicables permet d’éviter les mauvaises surprises et de sécuriser votre situation financière lors d’une période d’inactivité.